Le Conseil national du PS a adopté le 27 avril un premier texte d'une série qui doit élaborer le projet des socialistes pour 2012. Pierre Moscovici est l'auteur principal de ce texte qui porte sur un "nouveau modèle de développement économique, social et écologique". Il essaie d’intégrer notamment les récentes avancées des socialistes en matière d'écologie ainsi qu’une analyse de la crise du Capitalisme qui reconnait que « le Capital l'a massivement emporté sur le travail ».
Le texte est intéressant mais il faut l’amender pour qu’il ne reste pas une simple déclaration d’orientation trop générale. Il faut donc que les responsables des sections prennent le temps nécessaire pour le débat et l’élaboration d’amendements à remonter au niveau fédéral.
En effet, même si ce texte reprend la nécessité d’une croissance durable pour préserver notre environnement et lutter contre le gaspillage des ressources naturelles, il ne répond pas dans son état actuel à l’urgence sociale qui impose le retour au plein emploi. Cinq millions de chômeurs sont en attente d’un emploi.
Nous le savons tous, la croissance, même durable, est insuffisante pour vaincre le chômage de masse. Nous savons que les gains productivité des entreprises qui accompagnent la croissance sont générateurs d’une réduction de l’emploi. Grâce au progrès technique et aux nouvelles organisations du travail, nous produisons toujours plus avec de moins en moins de travail humain.
La solution, comme nous l’avons fait depuis le début du siècle en passant de 7 jours sur 7 à 6 jours puis à 5 jours sur 7, est d’ajuster le volume de travail disponible sur la population active. La prochaine étape doit être le passage à la semaine de 4 jours. Elle permettra de créer 1 600 000 emplois selon l’Insee, sans compter la création d’emplois autour du temps libre et l’effet d’entraînement que créeront ces emplois sur la consommation, les caisses de l’État et celles de la sécurité sociale.
Bien entendu le passage à la semaine de quatre jours doit se faire sans baisser les salaires, sans augmenter la masse salariale et sans creuser le budget de l’État. Alors comment ? Le seul financement crédible c’est d’exonérer des cotisations UNEDIC les entreprises qui embauchent. Car autant soutenir les entreprises qui embauchent plutôt que de d’indemniser des chômeurs.
Nous ne sortirons pas de la crise sans résoudre la question du temps de travail. Il faut travailler moins, travailler mieux et travailler tous !
Avant de vous présenter le texte d’un amendement que je souhaite soumettre au vote des adhérents de la section de Maubeuge, je tenais à vous présenter les propos de Michel ROCARD sur La durée du travail dansPhilosophie magazine N° 39 du 14 Mai 2010 :
[…] un capitalisme dans un premier temps d’une violence inouïe ! Dix-sept heures de travail par jour, 4000 par an ! Le socialisme est né dans la seconde moitié du XIXe siècle comme un cri de colère contre cette brutalité. Avec la durée du travail pour premier combat.
Songez que Keynes, en 1930, écrivait qu’avant la fin du siècle, en l’an 2000 à peu près 3 heures de travail quotidien suffiraient pour que l’humanité subvienne à ses besoins. Je ne parle pas là d’un gauchiste chevelu ni d’un prophète marginal, mais du seigneur de la pensée économique contemporaine ! Tout s’est passé comme si, à un moment donné, nous avions atteint une sorte de plancher — 40 heures de travail — au-dessous duquel nous ne savons plus descendre. Nous nous y maintenons donc, le chômage augmente.
On peut définir le chômage comme étant la différence entre l’absence de réduction de la durée du travail et les gains de productivité.
La trouvaille du système, puisqu’on ne peut mettre tout le monde au chômage, a été le travail précaire. C’est-à-dire une sorte d’aumône à temps partiel, mal foutue.
Cette analyse est partagée par des économistes actifs dans tous les partis de gauche ou issus d’organismes indépendants comme ceux de l’Institut de Recherche Économique et Sociale. Le PS serait irresponsable de faire l’impasse sur la question du temps de travail à l’occasion de cette convention.
Projet d’amendement : organiser le travail au bénéfice de tous
L’exclusion de plus en plus forte de nos concitoyens par le chômage de masse dans une société de plus en plus riche et inégalitaire, est intolérable. Même pendant les 30 glorieuses la croissance n’a jamais augmenté le nombre d’heures travaillées au contraire, ce nombre a diminué de 6 % entre 1949 et 1974.
Donc une des issues incontournables face à la montée du chômage de masse passe par l'ajustement du volume de travail disponible sur la population active. Réduire le temps de travail au bénéfice de tous n’est pas seulement une solution économique et sociale efficace mais aussi un vrai choix de société permettant l’émancipation des individus, et l'harmonisation sociale. Passer à la semaine de 4 jours de travail salarié aurait un impact salutaire sur le bien-être des salariés, la productivité des entreprises, le financement des caisses sociales et la répartition des richesses.
Cette mesure peut créer 1 600 000 emplois avec un financement quasi nul de l’Etat selon l’INSEE.